Ce colloque intitulé « Mémoires des migrations, patrimonialisation et citoyenneté » s’est terminé. Il clôturait un travail de recherche sur les immigrations en région Centre.
Il serait trop long de résumer chaque intervention et je préfère en donner une idée générale, en partant de cette notion de mémoire.
La mémoire est cette reconstruction du passé en fonction des besoins du temps présent.
Le besoin d’une collectivité territoriale peut être de créer de la cohésion sociale en écrivant un récit unificateur et réducteur. C’est ainsi qu’on a vu des demandes pour retracer l’histoire d’un quartier promis à la démolition en vue d’une réhabilitation. Les habitants sont invités à raconter leurs souvenirs et cette opération « gomme » leur caractère d’immigrants.
Le besoin d’une association d’aide aux immigrés peut être de rappeler leur apport dans la construction d’une ville ou d’un quartier, leur apport économique en vue d’une reconnaissance de leur rôle et par là de légitimer leur présence. On n’est pas loin de la demande de citoyenneté en tout cas de revendication de droits. Même si cette citoyenneté n’est pas qu’un statut juridique mais un processus dynamique toujours en évolution.
Des mémoires peuvent se trouver en conflit et c’est ainsi que l’on a découvert l’importance des immigrés dans le fonctionnement d’usines en travaillant sur les ouvriers de cette usine et même dans certains cas la catégorie d’immigré devait distinguer entre les hommes et les femmes. La mémoire ouvrière « invisibilisait » celle des immigrés.
On s’est interrogé sur les conditions pouvant expliquer l’émergence de certaines mémoires.
On a aussi évoqué les mémoires qui veulent rester dans l’intime et ne pas être lâchées dans l’espace public comme celles des souffrances endurées.
Quant à la patrimonialisation elle concerne les objets, les lieux, les pratiques symboliques qu’on estime indispensables de transmettre. Qui fait le patrimoine ? Les institutions, les gens ? On a parlé de co-production de la mémoire.
Ce bref aperçu donne une idée des sujets débattus par des sociologues, des historiens, des anthropologues, dont certains venus de l’étranger. Une exposition photographique complétait cette rencontre.